J’ai découvert le potentiel plastique immense de la lithographie durant mes études aux Beaux-Arts de Bruxelles. Ce fût un énorme coup de coeur. Inscrite à l’époque dans l’atelier de dessin, la lithographie a fait partie de mes cours pratiques, en complément de la pratique dominante du dessin. Le poids des pierres, l’encre, les rouleaux, les variations d’impression en puissance…Lorsque j’imprime, je me dis que “C’est ça que je veux faire”.
Lors de mon stage chez Bruno Robbe en 2014, j’ai compris que c’était l’un des chemins que j’allais emprunter. Vivant dans la région lilloise et confrontée à l’absence d’atelier de lithographie, j’ai eu alors envie de créer le mien, après 2 ans sans pratiquer.
Au départ surgit l’idée de fabriquer une petite presse de brousse en famille et d’un coup, arrive l’opportunité de restaurer une presse d’imprimerie. C’est alors qu’au fil des mois, se monte un atelier de lithographie dans un garage et j’enchaîne les boulots alimentaires pour me payer ce matériel onéreux.
Les débuts sont cependant difficiles et je fais face à un manque de connaissances techniques : j’avais le coup de main, mais il me manquait la partie “chimie” pour bien préparer les pierres. Je connaissais le principe mais je n’étais pas assez formée pour éviter bien des problèmes à l’impression. Je me fixe alors pour objectif d’apprendre par moi-même, par ténacité, a force de lectures, d’essais, de tests, d’echecs et de réussites. En apprenant de mes erreurs, je fini par maîtriser l’acide et les pierres.
Je m’investie également dans le reveil de l’atelier de lithographie de L’Atelier du Livre d’Art et de l’estampe de Douai, en sommeil depuis plusieurs années. Je mets alors toute mon énergie dans ce projet ambitieux avec des études, inventaires, créations d’offres de formations, déplacements, dessins d’aménagement intérieur, propositions d’accompagnement, de résidences pendant plusieurs années.
Je découvre en parallèle que le monde de la lithographie est vaste grâce aux réseaux sociaux : je me sens moins seule, grâce aux nombreux échanges avec d’autres “nerds” de l’imprimerie du monde entier, bien trop nombreu.xs.es pour les citer.
Entre 2021et 2023, mon atelier déménage à L’Ardente, association que j’ai co-fondé en 2020 et qui est dédiée à l’estampe, aux arts imprimés et leur diffusion.
Aujourd’hui, bien que la presse soit endormie et en attente d’un nouvel atelier, mon activité reste mobile grâce à la petite presse de brousse et je continue à me déplacer dans d’autres ateliers et collaborer avec les artistes.